Ce matin lors d'un passage à Falletans sur la Corne des Epissiers, j'ai constaté la présence d'un couple de Harle bièvre. Jusque là rien de bien surprenant me direz vous mais ce couple me rapelle cependant une bien belle histoire du début d'année.
Découverte d’une femelle de Harle bièvre (mergus merganser) avec une nichée à Dole (39)
Observations
Le 16 mars 2007, Charles P. en allant travailler en vélo découvre sur le canal du Rhône au Rhin entre Brevans(39) et Dole (39), une femelle de harle bièvre ( mergus merganser) avec ses canetons. L’observation rapide sans matériel optique est réalisée à environ 200 mètres en aval du pont de Brevans en bordure du vélo-route principal axe de promenade citadine des habitants dolois. Le canal à cet endroit est particulièrement dégagé et sans végétation riveraine, ce qui a évidement facilité l’observation. Dès son arrivée au bureau, l’information circule via un message sur mon téléphone portable et à mon adresse email. Déjà occupé sur le terrain et sans réaliser immédiatement l’importance de l’observation, je décide de me rendre sur le site le lendemain. Une première recherche est réalisée le matin tôt avec un aller /retour à pieds Brevans/ Dole/ Baverans(39) en cherchant sur un ruisseau qui longue le canal et où l’espèce aurait pu trouver refuge mais reste vaine. Une deuxième tentative est réalisée en fin de journée sur le même parcourt et s’avère négative elle aussi. Ensuite durant une dizaine de jours et à raison d’un passages tout les deux à trois jours en périphérie de la zone d’observation, je n’observe pas cette famille de harle tout comme Charles qui de son coté fréquente quotidiennement les bords du canal pour se rendre au travail. Rien de bien surprenant que nous n’aillons pas retrouvé les oiseaux , car le 27 mars en fin de journée, je découvre sur la commune de Falletans(39), (lieu dit la Corne des Epissiers) cette famille de harle. Les oiseaux sont particulièrement mobiles au moment de l’observation est descendent le cours du Doubs en direction de Dole. Je retrouve environ une heure plus tard la famille perchée sur une grosse branche d’un arbre mort immergé au niveau de Azans(commune de Dole). J’observe tranquillement en restant suffisamment discret dix canetons blottis contre leur mère très à l’affut du moindre dérangement. Voulant réaliser un cliché, je tente une approche au travers d’un buisson de saule mais mon approche ne reste pas inaperçue et fait fuir la femelle suivi par toute sa progéniture. Ils traversent le Doubs de part en part dans une zone relativement calme mais avec cependant du courant sans dériver et se cachent bien vite à couvert le long de la berge située du coté des « Prés d’Assaut ». Dès mon retour à la maison, je signale par message téléphonique et mail à Charles ainsi qu’à Joël G. mon observation en leur donnant les détails suffisants afin qu’ils puissent rechercher les oiseaux le lendemain. Le 28 mars en milieu d’après-midi, Joël me signale qu’il a retrouvé les harles sur le site signalé hier au soir mais avec peine car la famille sait parfois rester discrète. Les oiseaux étaient situées comme le 27 mars du coté de la petite route allant de Dole à Falletans sous des buissons surplombant le cours de la rivière à la recherche de nourriture. Le 01 avril en milieu d’après-midi, je recherche de façon spécifique l’espèce du coté des « Prés d’Assaut » dans un bras du Doubs alimenté par la rivière là ou le 17 mars j’avais perdu de vue la petite famille. Bingo, vers 16h00, j’entends le cris caractéristique de la femelle donnant l’alerte à ses canetons et je vois sortir des buissons toute la famille. Je ne constate pas de changement notable dans la taille des canetons qui traversent derrière leur mère le Doubs pour neuf d’entre eux alors qu’un (peut-être le plus malin ?) se laisse bien tranquillement transporté sur le dos de sa mère. L’observation est franchement superbe et je réalise quelques photos au travers de ma longue vue afin d’avoir un souvenir de cet instant rare et quelque part magique. Lorsque la famille est sur l’autre berge ( du coté de la route menant de Dole à Falletans) , ils se mettent en quête de nourriture à l’instar de leur mère : ils mettent la tête sous l’eau avant de plonger en zone profonde et calme durant plusieurs secondes avant de réapparaitre à la surface. De façon spontanée , ils plongent en ligne comme pour faire une toile auxquels les menus fretins ne sauraient se sortir, et à deux reprise je constate qu’un des jeunes harles ressort de l’eau avec un petit poisson blanc dans le bec qu’il avale bien vite car poursuivi par ses frères et sœurs. Je reste ainsi à observé la famille en quête de nourriture durant environ une heure en constatant que la femelle toujours très à l’affut du moindre dérangement et ses jeunes remontent insensiblement le cours de la rivière en restant au bords de la rive sous des buissons. Après cette période d’activité intense, la petite famille se mets au sec sur la branche d’un saule émergeant du cours de la rivière pour se reposer. Le 02 avril, je découvre de nouveau la famille harle à Falletans sur la Corne des Epissiers. Tout le monde est au repos en bordure de gravière à découvert. Les jeunes sont en partie dissimulé sous leur mère et ceux qui n’ont pas trouvé de place sont blottis contre les flancs de l’adulte. Durant les 30 minutes environ ou je reste sur le site, je ne constate aucun mouvement. Jusqu’au 20 avril la famille reste discrète malgré ma présence quasi quotidienne sur la Corne des Epissiers. C’est Charles en allant travailler comme chaque jour qui découvre la famille quelques kilomètres en amont des sites habituels juste en aval du pont traversant le Doubs à Brevans. La famille ne comporte alors plus que 9 jeunes dont l’âge avoisine 6 à 7 semaine. Par la suite cette famille de harle ne sera pas retrouvée, et au jour où j’écris ces lignes tout laisse à supposer que les jeunes volent de leurs propres ailes.
Discussion-Conclusion
Lors de l’observation du 27 mars, la taille des canetons observés fait penser qu’ils pourraient déjà avoir trois semaines, et donc qu’ils seraient nés aux environs du 5 mars. Paul Geroudet (1999) dans son ouvrage « Les Palmipèdes d’Europe » retrace la reproduction du harle bièvre avec des pontes réalisées au plus tôt à la mi-avril et une incubation de 32 à 35 jours. L’éclosion « normale » des jeunes canetons devraient donc se situer à la mi-mai.
Les harles dolois sont de fait particulièrement précoce avec entre deux et deux mois et demi d’avance sur un cycle de reproduction normal. Il est également intéressant de noter qu’il s’agit probablement du premier cas de reproduction avérée de l’espèce en Basse Vallée du Doubs.

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